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Interview
de Serge Dyot. |
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Les
techniques de lutte venue de l'Est
sont en train de faire évoluer
le style des grandes compétitions
internationales. Comment perçois-tu
cette tendance ? |
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Il
existe trois grands systèmes
d'apprentissage dans le monde.
Le système japonais repose
sur un apprentissage des bases techniques
dès le plus jeune âge
: le judo est obligatoire dés
l'école primaire.
Le système français
repose sur un apprentissage moins
précoce mais tout aussi important
des bases techniques : notion du rapport
poids / puissance, notion de déséquilibre,
du corps dans l'espace et des chutes.
Quant aux Pays de l'Est, ils se singularisent
par des techniques peu orthodoxes,
beaucoup plus physiques que les deux
autres systèmes, car issues
de la lutte populaire (sambo, pancrace
etc...).
Face à cette nouvelle donne,
les deux autres systèmes sont
obligés de s'adapter, ce qui
prouve que le judo crée par
Jigoro Kano shihan évolue malgré
l'image parfois figée qu'il
dégage.
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Technique
ou physique, faut-il vraiment faire
un choix ? |
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Beaucoup
de puristes de la technique s'inquiètent
de cette évolution du judo
avec des techniques dans les jambes.
Il n'y a pas de quoi.
Tout d'abord, les grandes instances
du judo mettent en place des règles
favorisant le judo offensif pur afin
d'éviter les dérives.
Et ensuite aux Jeux Olympiques d'Athènes,
les Japonais ont mis une quantité
"industrielle" d'ippon dans
toutes les directions, debout et au
sol, démontrant que seule la
technique paye !
La technique reste et restera toujours
la base du bon judoka tout comme le
solfège est indispensable au
pianiste avant de composer un morceau
sublime. Des génies du judo
comme Nomura, Inoue, Huizinga, Suzuki
ou, pour citer des Français,
Larbi Benboudaoud et Frédéric
Demontfaucon, parviennent à
"jouer" au judo sans utiliser,
du moins apparemment, la force.
Ils représentent au mieux ce
qu'est le judo : voie de la souplesse
tout simplement.
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En
tant que haut gradé, ancien
grand compétiteur et amoureux
de la technique, peux-tu nous dire
avec ton expérience ce que
t'a apporté le judo ? |
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Le
judo m'a appris quelque chose d'essentiel
: quand on travaille à deux,
on se doit de respecter son partenaire
ou son adversaire car seul on ne progressera
pas.
Au judo, on apprend également
l'humilité car on apprend toute
sa vie. On n'entendra jamais quelqu'un
de sérieux dire qu'il sait
tout du judo. J'ai commencé
le judo il y a 36 ans et j'apprends
des choses encore aujourd'hui. Il
n'y a pas beaucoup de discipline aussi
riche que la nôtre avec ses
kata, le jujitsu, l'arbitrage et ses
techniques debout et sol.
Le judo est une formidable école
de vie car ces valeurs véhiculées
par tous les éducateurs sportifs
nous suivent toute notre vie, on est
sur le tapis comme on est en dehors.
Nos plus grands champions comme Larbi
Benboudaoud et Frédéric
Demontfaucon véhiculent cette
image de personnes humbles et respectueuses
de leurs adversaires.
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En
tant qu'entraîneur du Paris
judo, comment conçois-tu les
entraînements et que conseillerais-tu
à nos jeunes compétiteurs
? |
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Dés
le plus jeune âge, l'idéal
est d'insister sur les bases techniques
avant de faire de l'opposition à
outrance.
Quand on grandit et que l'on s'entraîne
plus régulièrement,
il faut aborder tous les "geiko",
pour automatiser les techniques, comme
les uchi-komi, nage-komi et yaku-soku-geiko
avant d'envisager les randori.
Je ne suis pas partisan de la préparation
physique ou mentale hors tatami. Pour
moi, quand on s'entraîne en
dehors du dojo, on ne pense plus du
tout au judo et cette préparation
est hors contexte.
Pour bien pratiquer le judo, rien
ne vaut la pratique quotidienne sur
le tapis.
Pour finir, trois conseils aux compétiteurs
:
Ayez confiance en vous, cette confiance
ne vient que si l'on a fourni le travail
nécessaire avant.
Prenez l'initiative du combat car
seule l'attitude offensive paye. Quand
on est attentiste, on s'expose à
plus de risques.
Faites-vous plaisir, c'est vital !
Et cela vaut pour les compétiteurs
comme pour tout pratiquant.
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Merci
Serge de nous offrir ton point de
vue sur le judo, merci pour tes conseils
et à bientôt. |
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