Retour à l'accueil
Les actualités Le club Le judo Le jujitsu Divers
Recherche
Glossaire
Plan du site
Nous écrire
accueil
le dopage
la nutrition
la prépa-physique
les interviews
Le forum
L'agenda
Le quizz




 
Interview de André Allard.
 
André Allard est un judoka extrêmement sympathique, très bon technicien, et il est doté d'un esprit sportif qui peut servir d'exemple à tous les jeunes judoka.
Il nous a accordé une interview lors d'un entraînement dans son Club de Maisons-Alfort, alors qu'il vient tout juste d'annoncer la fin de sa carrière individuelle.
 
Comment as-tu vécu les Championnats d'Europe des Nations en 2001 avec l'Équipe de France et peut-on dire que cette compétition a opéré sur toi comme un déclic ?
 
Bien sûr, une expérience comme celle-ci sert de déclic, elle m'a donné une nouvelle dimension au sein du paysage des judoka français.
Grâce à ce championnat, j'ai pu franchir un cap qui m'a permis d'avoir une seconde carrière en individuel par la suite.
Elle a été d'autant plus inoubliable qu'elle a été ma seule expérience en Équipe de France avec les Demontfaucon, Fernandes, Lemaire, etc. L'ambiance était vraiment fantastique car le groupe a su faire preuve d'un très bel esprit d'équipe et j'en garde forcément un superbe souvenir.
Le groupe France a été réuni plusieurs fois avant cette échéance importante : lors du Tournoi de Tbilissi (NDLR : André l'a par ailleurs gagné) et lors d'un stage au Japon.
Le championnat en lui-même n'était pas forcément trop fort car certaines nations n'étaient pas présentes ; nous avons cependant battu des nations importantes (Allemagne, Pays-Bas).
Je ne suis pas certain de m'être exprimé comme je l'aurais souhaité pour une entrée en matière en Équipe de France, mais en tout cas j'ai tout donné sur le plan de l'intensité.
 
Tu as participé plusieurs fois au Tournoi de Paris, peux-tu nous faire partager cette expérience vu de l'intérieur, comme si nous étions la petite souris qui peut tout voir d'un tel évènement ?
 
Et bien, malgré la curiosité de savoir ce qui se passe derrière le miroir, ce qui marque le plus quand on combat dans l'antre de Bercy, c'est la salle en elle-même.
Tout est démesuré au Tournoi de Paris : la salle, l'ambiance, la qualité des judoka présents !
Quand tu combats dans cette ambiance indescriptible, au milieu de la foule qui t'encourage, c'est impressionnant mais ça peut être déstabilisant.
A part les combats, le reste de la journée passe plutôt lentement, ponctuée par plusieurs échauffements.
Les athlètes français sont assez libres du fait de la quantité que nous sommes pour un tournoi comme celui-ci, les entraîneurs nous laissent assez libres car ils nous font entière confiance.
Mais encore une fois, quels athlètes sont présents au Tournoi de Paris ! Les plus grands judoka du monde se donnent rendez-vous sur un week-end à Paris, c'est forcément gratifiant de se retrouver parmi tout ce beau monde.
D'ailleurs la première fois que j'ai participé au Tournoi de Paris, c'était encore à Coubertin et je me suis dit à ce moment là : "Qu'est ce que je fais là, suis-je à ma place" ?
Petit à petit, l'expérience venant, je me suis rendu compte que j'étais à ma place et j'ai pu prendre du recul par rapport à tout cela.
 
Tu as vécu deux moments particulièrement marquants lors de tes participations au Tournoi de Paris : cette année tu balayes sur le gong ton adversaire dans une explosion de joie du public présent, et il y a deux ans tu as dû revenir sur le tatami pour que la décision du vainqueur change en ta défaveur. Peux-tu nous en parler ?
 
Cette année, paradoxalement, je n'étais pas préparé comme je l'aurais souhaité à cause d'un poignet douloureux.
J'ai dû trouver un judo de relâchement et de sensations pour combler mes lacunes physiques.
Ce judo m'a permis de créer plus d'opportunités et de travailler davantage celui-ci.
Ce combat particulier était à l'image de mes sensations perdues ; je sentais que ce combattant suisse était à ma portée et, sur cette opportunité créée par plus de déplacements, je balaye dans le temps.
Le public qui n'attendait que ce prétexte là pour exulter fait "sauter" le couvercle de Bercy et ça m'a procuré un bien-être incroyable.
Deux ans auparavant, j'ai perdu face à ce judoka marocain et c'est difficile à accepter car tu te dis toujours : et si ça passait ?
Sur le moment, je ne suis pas surpris par mon attitude, car je suis toujours resté le même sur le tatami, j'accepte la décision des arbitres ; mais j'ai eu quelques jours difficiles après le Tournoi de Paris cette année là.
Cela dit je suis puni car j'ai pêché par orgueil contre ce combattant car lorsque j'ai saisi le judogi, je me suis dit " miam-miam… " : je pensais pouvoir le battre facilement. En judo, l'orgueil ne paye absolument pas : c'est une bonne leçon à retenir.
 
Ton attitude à ce moment là a été exemplaire, tu as reçu par ailleurs le prix du fair-play, comment le ressens-tu ?
 
Le fair-play, je n'y pense pas immédiatement.
Je suis resté surtout frustré par mon attitude personnelle durant le combat en lui-même.
D'ailleurs, recevoir le prix du fair-play alors que l'on est déçu par une contre performance, c'est assez bizarre comme sensation, mais je suis allé recevoir ce prix, car si mon geste peut servir d'exemple aux jeunes judoka, c'est une très bonne chose.
Le haut niveau, c'est la vitrine du judo français et mondial, il faut donc être irréprochable pour éviter les dérives possibles, même si on est relativement préservé au judo.
 
Te considères-tu comme étant un combattant plus performant par équipes ?
 
Cela va paraître bizarre car j'ai toujours fait des combats très engagés lors des championnats par équipes, mais je reste convaincu que je suis moins performant en équipe qu'en individuel.
Etant considéré comme l'un des meilleurs français en -81 kilos en France, normalement tu dois servir de point d'ancrage lors des championnats par équipes et ça n'a pas été suffisamment le cas selon moi.
Je n'arrive pas à être assez relâché pour produire un judo de qualité car je veux "trop bien faire".
Contre le Hollandais aux Championnats d'Europe des Nations 2001, j'ai fait plus une "bagarre" qu'un randori esthétique de judo. J'ai tout donné sur le plan de la motivation et de l'énergie mais sur le plan technique, je reste insatisfait de mes championnats par équipes car une défaite entraîne toute l'équipe dans la spirale de celle-ci ; cela dit, j'adore l'ambiance qui règne dans les tournois collectifs.
Je viens tout juste d'arrêter ma carrière individuelle, mais je ne cache pas mon envie de poursuivre les tournois par équipes un peu plus tard.
 
As-tu un message à faire passer aux jeunes judoka et jujitsuka qui vont lire ton interview sur HAJIME ?
 
Continue la pratique de ton sport car nos disciplines sont tellement riches que l'on peut pratiquer sans fin.
Aujourd'hui que ce soit clair, j'arrête la compétition mais je n'arrête pas le randori.
J'ai appris tout au long de ma pratique personnelle à faire randori avec un judoka débutant ou confirmé, ce qui me permet de m'exprimer face à n'importe quel judoka.
Quand je pense que mon professeur, à mes débuts, me disait : "André, tu n'es pas une photocopieuse"… Il voulait dire par là que je n'enregistrais pas spécialement très vite les choses alors il n'est jamais trop tard pour bien faire !
Faites donc les randori en étant relâché et en prenant un maximum de plaisir, vous éprouverez un sentiment de bien-être tout au long de votre carrière de judoka.
 
Merci André pour ta gentillesse, les enfants qui liront ton interview pourront s'inspirer de ton attitude exemplaire !
 
Retour Haut de page
 
Imprimer la page
 
Aide technique | Remerciements